Le changement est aujourd’hui au cœur des projets stratégiques tant de nos entreprises que de nos partis politiques. Il suffit de voir la prolifération des termes « Transformation » « Mutation »  et « Change » dès que le projet s’anglicise pour s’en assurer.

Ainsi, la crise de la dette est gérée selon une méthodologie chère à John Kotter : l’Urgence. Tels les pingouins devant faire face à une fonte imminente de la banquise, une bonne conduite du changement ne peut se faire, selon John Kotter, que si sentiment d’Urgence il y a. En ce sens, vu la prolifération des articles et l’agitation généralisée, il semble que les conditions soient particulièrement propices…

Mais le peuple latin ne se gère pas de la même manière ; le cas de la Grèce en est un exemple flagrant : ce n’est pas (forcément) au bord du gouffre que l’on arrive le mieux à changer les comportements.

Le Club des Pilotes de Processus et l’Institut Banque et Assurance pour la qualité se sont réunis autour d’un atelier commun visant à mieux appréhender ces sujets.

Saison 1

Une première saison s’était attachée à analyser les questions à se poser en amont d’une décision de lancer une déclinaison du changement  qu’est un projet d’évolution d’organisation et de système d’information. Ainsi, une fois le conseil d’administration et les managers convaincus, il s’agissait de s’interroger sur les meilleures pratiques de gestion de projet amenant à réussir ces changements. Cette seconde partie était fortement inspirée de la formidable boite à outil de la méthodologie Lean Six Sigma. Le plus délicat consistait alors à échanger ensemble sur l’essence de ces outils ; la mise en pratique ne doit en aucun cas  être du « copier/coller » car elle devient alors à coup sur contre productive. En effet, la gestion des ressources demeure la clé majeure de la réussite d’un projet de changement.

Saison 2

La seconde saison s’est donc tout naturellement attachée à dresser un état de l’art (partiel bien entendu vu la richesse des travaux existants) des théories et pratiques en s’intéressant avant tout aux thèses des sociologues.

La particularité de nos travaux a été d’analyser toutes ces théories en fonction de 3 phases du changement popularisées par Kurt Lewin :

  • décristallisation (préparation du changement)
  • mouvement (changement en tant que tel)
  • cristallisation (stabilisation pour permettre un état de « production »)
Schéma des 3 phases du changement selon Kurt Lewin

 

Le détail de l’analyse de Kurt Lewin nous rappelle par exemple à quel point un individu se comporte non seulement en fonction de ses propres analyses mais aussi (voire surtout) en fonction des choix du groupe auquel il appartient. Il devient dès lors primordial de s’intéresser à l’individu de manière « indirecte » via son groupe.

Les nombreuses approches semblent parfois se contredire mais en fait se complètent les unes les autres ; cela permet de passer d’un mode de changement à un autre « en douceur » lorsqu’un blocage majeur ou une évolution imprévue se présente. Ces évènements étant consubstantiels à tout projet et toute vie d’entreprise, ils ne manqueront pas d’apparaître.

Ainsi, loin d’opposer les théories les unes aux autres, la conclusion de notre seconde saison a consisté à se réjouir de la multiplicité des points de vue et de la nécessité de se nourrir de ces travaux théoriques pour prendre du recul et être apte à choisir la bonne direction  (voire faire évoluer cette direction si besoin est).

Saison 3

Notre troisième saison prolonge tout naturellement ces sujets en s’intéressant aux conditions de mise en place et de gestion d’une organisation participative à même de faire aboutir un projet de changement. Les outils 2.0 aident mais là encore peuvent devenir contreproductifs si ils ne sont pas associés à une attention toute particulière à la gestion des liens et de l’appropriation des nouveaux périmètres des uns et des autres.

Le corps de cet article est tiré du livrable de notre seconde saison. J’aurai l’occasion de vous exposer d’autres extraits.

Au plaisir de vous détailler les travaux de nos deux premières saisons et de travailler avec vous à cette nouvelle saison,

  • Travaux de Kurt Lewin et John Kotter
  • « L’effet de levier » – Christophe Faurié
  • « Sociologie du changement » – François Dupuy
  • « Stratégie du Dauphin » –  Dudley Lynch et Paul Kordis
  • « L’entreprise Agile » – Jérôme Barrand, Dunod
  • « Vers une entreprise communicante«  –  Sophie Buer-Chemin
  • « La métamorphose » – Wanda J. Orlikowski
  • « L’apprentissage » – Chris Argyris
  • « Pratiques de la conduite du changement », David Autissier, Dunod, 2003
  • « Conduite du changement , Les concepts-clés : 50 ans de pratiques issues des travaux de 40 grands auteurs » David Autissier, Isabelle Vandangeon, Alain Vas, Dunod 2010
  •  » Du désir au plaisir de changer » Françoise KOURILSKY, Dunod
  •  » L’entreprise en mouvement » Benoit GROUARD, Francis MESTON, Dunod 1998
  • « Explaining Development and Change in Organisation » Van de Ven A.H. POOLE M.S. Academy of Managment Review 1995
  • Cameron K. S., & Quinn R. E. (1999) Diagnosis and Changing Organizational Culture, Jossey-Bass, John Wiley [3rd ed. 2011]
  • Campbell A., Devine M., & Young D. (1990) A Sense of Mission, Economist Publications/Hutchinson
  • Johnson G. (1988) “Rethinking Incrementalism”, Strategic Management Journal Vol. 9 pp 75-91
  • Kotter J. P., & Schlesinger L. A. (1979) “Choosing strategy for change”, Harvard Business Review Vol 57 No 2 pp 106-114
  • Lewin K. (1951) Field Theory in Social Science, HarperCollins
  • Ouchi W. G. (1980) “Markets, bureaucracy and clans”, Administrative Science Quarterly Vol 25 pp 127-141
  • Ouchi W. G. (1981) Theory Z: how can American business meet the Japanese challenge, Addison-Wesley
  • Powell W.W. (1990) “Neither market nor hierarchy: network forms of organization research in organization behaviours”, in Thompson G., Frances J., Levavic R. & Mitchell J. (1991) Markets, Hierarchies and Networks, Sage Publications
  • Quinn J. () Managing strategic change,
  • Thurley K.,& Wirdenius H. (1973) Supervision: a reappraisal, Heinemann