Les traders savent généralement décrire les méthodes qu’ils utilisent pour entrer et sortir d’une transaction. Cependant, dès lors qu’il s’agit de décrire une méthode pour déterminer le montant de capital à risquer sur un trade, peu d’entre eux ont une réelle solution. Certains d’entre eux font de vagues références à des experts qui recommandent de risquer 1 à 2% du capital sur chaque trade. D’autres comptent sur l’intuition pour déterminer quand augmenter sa position sur un trade particulier risquant toujours des montants différents. (Force est de constater que la grande majorité des traders français et européens n’ont aucune notion sur le sujet contrairement à leurs homologues américains).

Les traders expérimentés savent qu’il est aussi important d’avoir une méthode efficace pour entrer dans une position que d’en avoir une pour déterminer combien risquer. Un trader qui risque trop accroît ses chances de ne pas survivre suffisamment longtemps pour réaliser les bénéfices à long terme d’une stratégie de trading valable. A l’inverse, risquer trop peu engendre la possibilité qu’une méthode de trading n’exploite pas pleinement son potentiel. Ainsi, alors qu’une espérance positive de gain est une exigence minimale pour trader avec succès, la façon d’exploiter cette espérance sera la cause de votre succès ou de votre échec. Il s’agit là, en fait, d’un des plus grands challenges pour le trader.

On observe qu’en même temps que les traders atteignent un certain niveau de confort avec un système, ils commencent à réaliser qu’une méthode de money management censée manque à leur stratégie de trading.

Il n’existe pas de formule de money management miracle. En fait, différentes stratégies de trading et systèmes nécessitent différentes approches de money management. En outre, il faut toujours prendre en considération la capacité qu’a un trader à suivre une méthode de money management tenant compte de sa tolérance au risque et d’autres facteurs psychologiques. En exemple, il arrive que des stratégies qui se focalisent sur l’optimisation du montant de capital à investir donnent souvent comme résultat des périodes de pertes importantes. Peu de traders sont capables d’encaisser moralement des périodes de baisse de capital de 40, 50 voire 60% ce qui n’est pas anodin dans le cas de certaines stratégies agressives. En conséquence, il est essentiel de faire correspondre la tolérance de risque du trader avec les plus importantes périodes de perte théoriquement probables.

Le capital du trader est également essentiel et peut affecter sa capacité à exécuter une stratégie. Même dans les cas où il est préférable qu’une stratégie utilise une méthode de money management, un trader sous-capitalisé peut être incapable d’implémenter une stratégie en raison d’une insuffisance de fonds. Dans cette situation, le trader est alors incapable d’en tirer les bénéfices potentiels. Ainsi, mis à part le succès d’une stratégie particulière sur une méthode de trading, il faut tenir compte de 2 variables essentielles : les préférences psychologiques du trader et son niveau de capital. Si l’un de ces 2 facteurs ne supporte pas la stratégie de money management employée, alors il est improbable que le trader soit capable d’utiliser de manière effective la stratégie. Bien qu’étant en apparence insignifiant, on n’insistera jamais assez sur ce point. Le trader doit avoir suffisamment confiance pour rester dans sa stratégie même si les résultats positifs n’arrivent pas immédiatement.

Espérant que cet article vous aide à prendre conscience et à évaluer le type de money management que vous utilisez, nous espérons au minimum avoir stimulé votre imagination sur les différentes façons d’implémenter une stratégie. D’une manière générale, trop de traders consacrent l’intégralité de leur créativité à la logique de trading seule alors qu’il leur serait bénéfique de consacrer un peu de temps à déterminer la taille de leurs positions afin de tirer avantage au mieux de leur méthode de trading.

Le sujet est vaste et dépasse le cadre de cet article, voici nonobstant quelques lignes directrices de modèles vous permettant de déterminer des tailles de position.

Généralement parlant, on peut dimensionner les trades avec les 6 modèles de gestion de position suivants. (Où tous les lots sont arrondis au nombre entier le plus proche).

1) Lot fixe

Trader une taille constante de lot à chaque (100 actions ou 1 contrat) trade. Ce modèle ne manque jamais les trades, et arrête de trader si le capital baisse à un niveau inférieur par rapport à la marge nécessaire pour trader un lot.

2) Fraction fixe

Ajuster la taille du lot afin que chaque trade alloue un pourcentage fixe de votre capital.

TailleDeLot = K * Capital
Où K = FractionCapital / MargeInitiale
 
Ce modèle ne saute jamais de trade, mais arrête de trader si la fraction fixe de capital (Capital*FractionCapital) baisse au-dessous du montant de marge initiale.

Il y a plusieurs variantes de ce modèle. Toutes ces variantes déterminent simplement la valeur de K de différentes manières. Exemple :

K = Fraction / MargeInitiale
Trade 1 lot pour chaque MontantenDollars de Capital: K = 1 / MontantenDollars.
K = Fraction / PlusGrossePerte (Larry Williams)
Risque Fixe (exemple, un stop constant de money management) K = Fraction / MontantdeRisqueFixe.

Une fois que vous avez déterminé la valeur de K parmi ces variantes, vous pouvez déterminer les valeurs de paramètres pour n’importe quelle autre variante.

Il y a d’autres variantes qui utilisent une valeur de K non-constante (si K est différent à chaque trade). Deux de ces modèles sont les modèles n°4 (Pourcentage de risque) et n°5 (Pourcentage de Volatilité) décrits ci-dessous.

% de risque utilise une variable de risque (stop initial).
% de volatilité utilise la volatilité changeante du marché pour déterminer les tailles de position.

3) Ratio fixe

Ce modèle a été popularisé par Ryan Jones dans son livre « The trading game ».

Il se calcule en ajustant la taille du lot comme une fonction du profit net.

La formule est la suivante :

TailledeLot = RacineCarrée (2*ProfitNet/delta + 1/4 + (TailledeLotInitial^2 – 1))
Si TailledeLot < 1 alors TailledeLot = 1
 
Nous utilisons la valeur d’entrée de 10,000/delta afin que l’entrée ait une étendue similaire aux autres entrées. L’entrée est alors divisée par 10,000 de manière interne avant de calculer le nombre de lots à trader. L’entrée « taille de lot » sera utilisée par TailledeLotInitial. Ce modèle ne manque jamais de trades. Il arrête de trader seulement lorsque le capital devient plus petit que la marge nécessaire pour trader un lot.
 
En raison du fait que le modèle de ratio fixe ne prend pas en compte le capital, et que le résultat et la baisse de capital dépendent du capital, une attention particulière doit être portée au paramètre TailledeLotInitial, selon le capital de départ, pour arriver aux valeurs optimum de résultat et de drawdown.

4) % de risque

Ajuste la taille du lot afin que le montant total risqué (stop loss) pour chaque trade soit une fraction fixe de votre capital.

TailledeLot = FractiondeRisque * Capital / RisqueduTrade

Ce modèle peut sauter des trades ou arrêter de trader, si la fraction de risque de capital devient plus petite que le risque ou que le stop loss initial pour supporter d’entrer dans un trade. Si votre risque en entrée contient une valeur constante de risque (si vous n’aviez pas de données de risque sur une base de trade par trade), alors ce modèle devient un modèle de fraction fixe. Sa puissance vient du fait que l’on connaît le risque ou la taille initial de stop loss pour chaque trade individuel.

5) % de volatilité

Ajuste la taille du lot afin que la volatilité du marché (en dollar par lot, souvent mesuré d’après l’average true range des 10 à 20 dernières barres) ne soit pas supérieure à une fraction fixe de votre capital.

Tailledelot = FractiondeVolatilité * Capital / Volatilité.
 
Ce modèle peut sauter des trades ou arrêter de trader, si la fraction de volatilité de capital devient plus petite que la volatilité du marché.
 
Ce modèle se convertit également en modèle de Fraction fixe si vous avez une valeur constante de volatilité d’entrée. Les 2 premières techniques sont assez grossières et utilisées communément par les traders. La 3ème technique de ratio fixe offrira habituellement la meilleure performance sans prendre en compte le risque individuel de trade ou la volatilité du marché (qui rend ce modèle plutôt agressif pour les petits comptes).

Les 2 dernières techniques sont plus évoluées et peuvent engendrer plus de profit que les 3 premières techniques pour un montant donné de drawdown. Les modèles % de risque et  % de capital, bien que simples, apportent les rudiments de préservation de capital, de contrôle de risque et de conservatisme dont les autres modèles manquent.

6) L’optimal F

Décrit par Ralph Vince dans son livre « Portfolio Management Formulas », représente la fraction idéale de capital qui doit être risquée à chaque trade pour maximiser la croissance du capital. Tradez avec des tailles trop petites et vous gagnerez de l’argent trop lentement; tradez avec des tailles trop importantes et vous risquez de faire faillite. Quelque part au milieu existe une fraction optimum de capital à risquer.

Problème : Avec l’optimal F, les tailles de position trouvées en vue d’obtenir un capital maximum entraine toujours des risques énormes que très peu de traders peuvent encaisser. Un autre problème trouve sa réponse seulement sur la séquence de trades donnée. Bien que la fraction optimale (utilisant le modèle de fraction fixe) serait la même si les trades étaient arrivés dans un ordre différent, le résultat et le drawdown seraient différents. Appliquer l’optimal F sur une seule séquence ne vous donnera pas une image complète de ce que votre stratégie peut produire en terme de résultat et de drawdown.

Solution : C’est ici que la simulation de Monte Carlo peut être utile. En l’utilisant, on peut régénérer ces trades dans un ordre aléatoire des centaines de fois, rassembler des statistiques sur les résultats, et avoir une bonne idée de la variabilité de la progression de la courbe de capital et de drawdown que nous pouvons attendre. Nous pouvons alors utiliser ces statistiques pour déterminer un optimal F plus fiable pour le trading système, avoir un résultat acceptable et un risque tolérable.

A noter cependant que tous les traders utilisent une forme ou une autre de money management. Certains d’entre eux ne sont toutefois pas même conscients de la stratégie ou de la méthode qu’ils utilisent et déterminent les positions d’entrée à la louche, voire au pifomètre ! D’autres au contraire (la minorité) utilisent des stratégies éprouvées pour déterminer les tailles de position ainsi que les moments où il faut ajouter ou liquider des positions en cohérence avec leur tolérance au risque. Espérons que vous fassiez désormais partie de la dernière catégorie…