La crise financière de 2008 a été marquée par la peur d’un effondrement général de l’économie. En cause, des établissements financiers au bord de la faillite pour avoir pris des risques inconsidérés. Jugés trop indispensables pour faire faillite (« Too big to fail »), ces établissements ont été massivement renfloués par les Etats afin de préserver la stabilité financière mondiale. Or, ces renflouements (bailout en anglais) ont été massivement critiqués tant il est vrai que l’argent frais injecté provenait de fonds publics, c’est-à-dire appartenant à vous et moi.

En quoi consiste précisément un bailout ? Existe-t-il des exemples de bailouts en France ? Les bailouts sont-ils toujours d’actualité ? Autant de questions auxquelles je réponds dans cet article ⤵️

Qu’est-ce qu’un bailout ?

Le mot anglais bailout peut se traduire par « renflouement ». Renflouer une structure consiste à lui apporter les ressources nécessaires à sa survie.

Par abus de langage, un bailout est assimilé à une l’injection de trésorerie par une Administration dans un établissement financier pour éviter qu’il ne fasse faillite. Aussi, le premier objectif d’un bailout est-il de protéger les créanciers et les déposants contre l’éventualité de tout perdre.

En réalité, les entreprises peuvent aussi bénéficier de fonds publics pour assurer leur pérennité. Par exemple, pendant la crise du Covid, l’Administration a mis en place un programme de 20 milliards d’euros intitulé « renforcement exceptionnel des participations financières de l’Etat dans le cadre de la crise sanitaire ». Ce programme visait à soutenir des grands groupes stratégiques en difficulté, dont les faillites pouvaient entraîner des difficultés économiques en chaîne. Air France, la SNCF et Safran en ont par exemple bénéficié.

Le terme bailout a pris une ampleur inédite pendant la crise financière de 2008. En effet, entre 2008 et 2017, l’UE aura injecté 665 milliards d’euros de capital et 1 296 milliards d’euros de trésorerie dans le secteur financier !

Techniquement, un bailout peut prendre des formes très diverses : prêts, apports en compte courant, souscription à des obligations, achat d’actions nouvellement émises etc.

Exemples de bailouts en France

Pendant la crise des subprimes de 2008, l’Etat Français a notamment injecté des liquidités dans plusieurs établissements bancaires en difficultés via la SPPE (La Société de prise de participation de l’Etat). Ces injections ont pris la forme de prises de participation directes en contrepartie d’engagements éthiques et moraux de la part des banques.

EtablissementInjection
(en Mds d’euros)
BNP Paribas7,65
Société Générale3,40
Crédit Agricole3,00
Caisses d’Epargne2,20
Banques Populaires1,90
Crédit Mutuel1,20
Montants des injections de fonds propres dans les banques françaises par la SPPE

À noter que la rémunération des titres émis avait été fixée à 8%, permettant à l’opération d’être, in fine, profitable.

Le bailin pour remplacer le bailout ?

Pour limiter le sentiment d’impunité des établissements financiers et pour répondre au mécontentement des contribuables, les politiques, ont, depuis la crise des subprimes, cherchés des alternatives aux bailouts. Et c’est précisément dans ce contexte qu’est né le bailin.

Le bailin est un mécanisme par lequel un établissement bancaire en difficulté est secouru, non pas par une Administration, mais par ses créanciers. Autrement dit, dans le cadre d’un bailin, c’est le secteur privé qui met la main à la poche (les actionnaires et les déposants notamment).

Cette alternative résulte de la signature d’un accord européen en 2013, transposé dans le droit de chacun des pays membres de l’UE. Cet accord est effectif en France depuis 2016.

À titre d’exemple, l’Etat de Chypres a employé un bailin en 2013 pour secourir la « Bank of Cyprus ». C’est ainsi que les dépôts des clients disposants de plus de 100.000€ ont été ponctionnés pour rétablir la situation financière de l’établissement.

Conclusion

Le bailout, largement utilisé dans l’histoire et en particulier suite à la crise des subprimes, a fait couler beaucoup d’encres. L’idée qu’un établissement puisse, parcequ’il est indispensable à la survie d’une économie, s’affranchir de ses responsabilités, a fait réagir les gouvernements du monde entier. Ainsi, en cas de nouvelle crise, ce ne sont plus les Etats qui porteront assistance (bailout) mais les créanciers (bailin). Ceci étant dit, bailout ou bailin, la banque sera, quoi qu’il en soit, sauvée. Est-ce donc un changement de politique si déterminant ? La question mérite d’être posée.