Une banque de financement et d’investissement (Corporate and Investment Banking) a vocation a accompagner les entreprises et institutions dans leurs besoins financiers de bas de bilan (corporate banking) et de haut de bilan (investment banking ou corporate finance). Notez qu’il existe autant de définitions de la banque de financement et d’investissement qu’il existe d’établissements bancaires (ce qui peut prêter parfois à confusion).

Banque de financement et d’investissement, banque commerciale, banque de marché, banque de détail, banque privée : ce n’est pas toujours facile de s’y retrouver surtout si l’on ajoute le jargon anglais qui a lui aussi ses spécificités. Dans cet article, je vous propose un point sémantique ainsi qu’une revue des différentes activités de l’industrie bancaire ⤵️.

La banque de détail au service des particuliers

La banque de détail a vocation à collecter les dépôts, gérer les moyens de paiement, accorder des crédits et proposer des produits de placement à ses clients. La banque de détail (retail banking), s’adresse aux particuliers (ainsi qu’aux artisans, aux professions libérales, aux associations et aux petites entreprises notamment).

Les banques de détail gagnent notamment leur vie grâce à la « marge nette d’intérêt « qui correspond à la différence entre le taux auquel elles prêtent aux emprunteurs, et celui auquel elle se refinance. 

Les banques de détail possèdent historiquement un réseau d’agences physiques important mais depuis quelques années, une offre de banques en ligne totalement dématérialisée s’est considérablement développée.

La banque privée destinée aux particuliers fortunés

La banque privée (private banking) s’adresse aux particuliers qui disposent d’un patrimoine conséquent. Les banques privées proposent généralement un service d’assistance fiscale, d’assistance successorale ainsi que toute une gamme de solutions d’investissements adaptés à chaque client (produits structurés, private equity, investissements boursiers etc.).

Notons que la majorité des grandes banques de réseau ont un département banque privée. C’est le cas pour BNP Paribas, Société générale, le LCL, la Banque Postale etc.

La banque de financement et d’investissement pour les personnes morales

Les banques de financement et d’investissement définissent et concrétisent les solutions de financement, d’investissement et de couverture des risques pour leurs clients personnes morales. Notons qu’il y a autant de manières de présenter la banque de financement et d’investissement (corporate and investment banking) qu’il y a de banques. En effet, chacune met en avant les produits et les savoir-faire qui la distinguent des autres (voir notre exemple ci-dessous).

Pour rester simple, on peut distinguer :

  • Les banques commerciales (corporate banking) qui financent le « bas de bilan » des entreprises, associations, administrations, institutions etc.
  • Les banques d’investissement (investment banking) qui financent le « haut de bilan » de ces mêmes personnes morales.

La banque commerciale et la banque d’investissement créent pour leurs clients des solutions de financement et des produits financiers sur-mesure adaptés à leur besoin. Par rapport aux produits ainsi créés, les marchés peuvent être vus de deux façons:

  • D’un point de vue « gisement » de produits financiers bruts, que l’ingénierie financière va assembler, en ajoutant les ressources propres de la banque pour construire un produit fini.
  • D’un point de vue « débouchés » pour la commercialisation de ces mêmes produits.

Dans le même temps, les clients de la banque ont un accès direct à la salle, via les « sales » (vendeurs) pour leurs opérations quotidiennes de placement ou de couverture. En définitive, l’activité de la salle des marchés repose pour une large part sur les demandes de clients, même si, bien sûr, la banque maintient, via le trading pour compte propre, une présence sur les marchés et une prise de risque sur ses propres capitaux.

La banque commerciale (corporate banking)

La banque commerciale offre des solutions de financement bancaire de bas de bilan. Le corporate banking repose sur une relation commerciale solide et une connaissance approfondie des secteurs d’activité de chaque client.

Il peut s’agir de prêts directs consentis par la banque ou de prêts syndiqués pour les sommes que la banque ne peut assumer seule (la banque s’associe à d’autres banques pour lever les fonds nécessaires).

En outre, le financement structuré consiste à émettre différentes qualités de dette notamment :

  • La dette senior, remboursée prioritairement mais faiblement rémunérée ;
  • La dette subordonnée, remboursée non prioritairement mais mieux rémunérée (la rémunération du prêteur dépend du risque qu’il prend).

Les prêts sont souvent garantis par les flux financiers futurs de l’actif financé, ce qui permet d’offrir des conditions plus avantageuses. On parle donc de financement de projet ou de financement d’actifs. Les équipes sont généralement organisées par secteur économique : énergie, télécommunications, transport, etc.

Il peut aussi s’agir du financement du commerce international (trade finance) qui inclut une caution juridique consentie au client, sur la base des documents contractuels de l’opération, pour ses transactions d’import-export. C’est pourquoi on parle de crédit documentaire.

Enfin, de par la connaissance « intime » qu’il a de son client, le banquier est à même de lui offrir un panel de solutions en termes de gestion de trésorerie et de liquidité, de placement et d’investissement, etc.

Pour toutes ces opérations, le corporate banking s’appuie sur les activités de marchés pour couvrir l’opération de manière appropriée contre les risques de taux et de change.

La banque d’investissement (corporate finance)

La banque d’investissement propose des services financiers sophistiqués de haut de bilan.

Parmi ces services, nous retrouvons le conseil en fusions-acquisitions (M&A ou Merger and Acquisition). Le but pour la banque est d’identifier des cibles potentielles, d’obtenir le mandat du client pour mener à bien l’opération, puis conduire celle-ci. Cela inclut l’évaluation de la cible, la négociation, la « due diligence », la mise en place du financement si nécessaire.

Le corporate finance inclut également toutes les opérations de financement de marché. Le banquier conseille son client sur la solution de financement la plus adaptée à son cas et conçoit les caractéristiques du produit à émettre :

  • Le financement par actions ou ECM (Equity Capital Market) concerne les opérations d’introductions en bourse (IPO, Initial Public Offering) et les augmentations de capital.
  • Le financement par obligations ou DCM (Debt Capital Market) concerne les opérations d’émissions de dette, de convertible ou de papier commercial.

Le corporate finance intervient aussi dans les opérations de titrisation de créances.

➡️ Les produits financiers ainsi conçus vont être placés par la salle des marchés auprès des investisseurs.

L’information peut également circuler en sens inverse. Dans un premier temps la salle des marchés a connaissance d’une demande particulière de la part d’investisseurs pour un certain type de papier. Dans un second temps, les équipes du corporate finance vont tenter de convaincre un client d’émettre ce type de titre particulier. C’est ce qu’on appelle le « reverse enquiry« .

La banque de marché (structuration et marché primaire)

Dans les banques, ces activités de haut de bilan sont souvent rattachées aux activités de marché. C’est précisément la raison pour laquelle, nous retrouvons la banque de marché dans la grande famille des banques de financement et d’investissement. La banque de marchés recouvre plusieurs activités

La structuration

La structuration consiste à créer des produits financiers permettant de bénéficier du rendement associé à un sous-jacent tout en assurant une protection partielle ou totale du capital investi. Un produit structuré inclut donc généralement une composante obligataire génératrice de rendement et une composante optionnelle qui assure la protection du capital. Il y a une infinité de montages possibles, calibrés pour satisfaire soit une catégorie d’émetteurs soit une catégorie d’investisseurs.

L’origination

L’origination consiste à mettre au point une émission de titres négociables en relation avec l’émetteur et les autorités de marché et à produire la documentation nécessaire. Cette activité est menée par un arrangeur qui supervise l’opération.

La syndication

La syndication consiste à trouver des contreparties prêtes à participer au placement des titres sur le marché primaire. La banque chef de file constitue autour d’elle un groupe de banques associées dans l’opération, afin d’être sûre de toucher le maximum d’investisseurs potentiels.

Les activités d’origination et de syndication sont plus connues dans le contexte du financement par des titres négociables mais sont présentes aussi dans le domaine des crédits bancaires comme on l’a vu plus haut.

Le placement

Enfin le placement consiste pour les membres du syndicat à convaincre les investisseurs d’acheter les titres nouvellement émis. Le contrat avec l’émetteur peut comporter une clause selon laquelle les membres du syndicat ou l’arrangeur s’engagent à acheter pour leur propre compte les titres qui n’auraient pas pu être placés. On parle alors de prise ferme.

Exemple : l’organisation du Crédit Agricole CIB

A titre d’exemple, la banque de financement et d’investissement du Crédit Agricole (CA-CIB) segmente son activité en trois pôles :

CACIB - Organisation
CA-CIB : trois pôles d’expertise

Le pôle « banque de financement » qui regroupe les activités de bas de bilan (que nous avons catégorisé dans la partie « banque commerciale » dans cet article) et qui inclut :

  • Du cash managment ;
  • Du financement des exportations ;
  • Du financement du BFR.

Le pôle « banque d’investissement » qui regroupe les activités de haut de bilan et qui inclut les services :

  • Fusions et acquisitions ;
  • Equity Capital Market.

Le pôle « banque de marché » qui inclut notamment les services :