La Banque de financement et d'investissement

Var for sale

La banque de financement et d'investissement (BFI, en anglais CIB, Corporate and Investment Banking) est souvent confondue avec les activités de marchés. Ces dernières ne constituent pourtant que la partie la plus visible d'un champ d'activités plus vaste et plus diversifié. C'est là que se tissent les relations commerciales de la banque avec ses clients, qui s'adressent à elle pour les aider à définir et concrétiser les solutions de financement, d'investissement ou de couverture des risques dont ils ont besoin.

La banque commerciale et la banque d'investissement créent pour leurs clients des solutions de financement et des produits financiers adaptés à leur besoin. On est dans le domaine du "sur mesure". Par rapport aux produits ainsi créés, les marchés peuvent être vus de deux façons:

  • D'une part ils constituent le "gisement" de produits financiers bruts, que l'ingénierie financière va assembler, en ajoutant les ressources propres de la banque pour construire un produit fini.
  • D'autre part ils servent également de débouché pour la commercialisation de ces mêmes produits.

Dans le même temps, les clients de la banque ont un accès direct à la salle, via les "sales" (vendeurs) pour leurs opérations quotidiennes de placement ou de couverture. Au final, l'activité de la salle des marchés repose pour une large part sur les demandes de clients, même si bien sûr la banque maintient, via le trading pour compte propre, une présence sur les marchés et une prise de risque sur ses propres capitaux.

Il y a autant de manière de présenter la BFI qu'il y a de banques, chacune mettant en avant les produits et les savoir-faire qui la distinguent des autres. Pour rester simple, on peut distinguer entre le financement de "haut de bilan", qu'on appellera banque d'investissement et le financement de "bas de bilan", qu'on appellera banque commerciale.

La banque commerciale (corporate banking)

Le corporate banking ou coverage repose sur une relation commerciale solide avec la clientèle de la banque et une connaissance approfondie des secteurs d'activité et de la situation de chaque client dans son secteur.

Le cœur de métier consiste à offrir à chaque client des solutions de financement bancaire adaptées à son besoin. Il peut s'agir de prêts directs consentis par la banque ou de prêts syndiqués (la banque s'associe à d'autres banques pour lever les fonds nécessaires) pour les sommes que la banque ne peut assumer seule. Le financement structuré consiste à émettre différentes qualités de dette: dette senior, remboursée prioritairement, et dette subordonnée de façon à ajuster la rémunération du prêteur à son risque.

Les prêts sont souvent garantis par les flux financiers futurs de l'actif financé, ce qui permet d'offrir des conditions plus avantageuses. On parle donc de financement de projet ou de financement d'actifs. Les équipes sont généralement organisées par secteur économique: énergie, télécommunications, transport, etc.

Le financement du commerce international ou trade finance inclut une caution juridique consentie au client, sur la base des documents contractuels de l'opération, pour ses transactions d'import-export. C'est pourquoi on parle de crédit documentaire.

Pour toutes ces opérations, le corporate banking s'appuie sur les activités de marchés pour couvrir l'opération de manière appropriée contre les risques de taux et de change.

Parallèlement, de par la connaissance "intime" qu'il a de son client, le banquier est à même de lui offrir un panel de solutions en terme de gestion de trésorerie et de liquidité, de placement et d'investissement, etc.

La banque d'investissement (corporate finance)

On parle ici des opérations portant sur le haut de bilan des clients.

En premier lieu il y a le conseil en fusions-acquisitions (M&A, Merger and Acquisition). Le but pour la banque est d'identifier des cibles potentielles, d'obtenir le mandat du client pour mener à bien l'opération, puis conduire celle-ci. Cela inclut l'évaluation de la cible, la négociation, la "due diligence", la mise en place du financement si nécessaire.

Le corporate finance inclut ensuite toutes les opérations de financement de marché. Le banquier conseille son client sur la solution de financement la plus adaptée à son cas et conçoit les caractéristiques du produit à émettre.

Le financement par actions ou ECM (Equity Capital Market) concerne les opérations d'introductions en bourse (IPO, Initial Public Offering) et les augmentations de capital.

Le financement par obligations ou DCM (Debt Capital Market) concerne les opérations d'émissions de dette, de convertible ou de papier commercial.

Le corporate finance intervient aussi dans les opérations de titrisation de créances.

Les produits financiers ainsi conçus vont être placés par la salle des marchés auprès des investisseurs. L'information peut d'ailleurs circuler en sens inverse: la salle a connaissance d'une demande de la part des investisseurs pour un certain type de papier et les équipes du corporate finance vont alors tenter de convaincre un client d'émettre ce type de titre particulier. C'est ce qu'on appelle le "reverse enquiry".

Structuration et marché primaire

Dans les banques, ces activités sont assez souvent rattachées aux activités de marché, mais comme elles fonctionnent en synergie avec la corporate finance elles ont leur place ici.

La structuration consiste à créer des produits financiers permettant de bénéficier du rendement associé à un sous-jacent tout en assurant une protection partielle ou totale du capital investi. Un produit structuré inclut donc généralement une composante obligataire génératrice de rendement et une composante optionnelle qui assure la protection du capital. Il y a une infinité de montages possibles, calibrées pour satisfaire soit une catégorie d'émetteurs soit une catégorie d'investisseurs.

L'origination consiste à mettre au point une émission de titres négociables en relation avec l'émetteur et les autorités de marché et à produire la documentation nécessaire. Cette activité est menée par un arrangeur qui supervise l'opération.

La syndication est l'étape suivante de l'émission: elle consiste à trouver des contreparties prêtes à participer au placement des titres sur le marché primaire. La banque chef de file constitue autour d'elle un groupe de banques associées dans l'opération, afin d'être sûre de toucher le maximum d'investisseurs potentiels.

Les activités d'origination et de syndication sont plus connues dans le contexte du financement par des titres négociables mais sont présentes aussi dans le domaine des crédits bancaires comme on l'a vu plus haut.

Enfin le placement consiste pour les membres du syndicat à convaincre les investisseurs d'acheter les titres nouvellement émis. Le contrat avec l'émetteur peut comporter une clause selon laquelle les membres du syndicat ou l'arrangeur s'engagent à acheter pour leur propre compte les titres qui n'auraient pas pu être placés. On parle alors de prise ferme.