Qu’est-ce que le P&L?

Le P&L « Profits & Losses » permet d’apprécier la rentabilité financière ou marge dégagée par une ligne de métier gérée par le Front Office. Il s’agit d’un outil de monitoring, de reporting et de suivi des positions en cours de vie de l’ensemble du trading. Le P&L nous renseigne donc sur la nécessité de maintenir une position ou au contraire de la liquider.

Principes et fonctionnement du Front Office

Rôle du Front Office

Le Front Office est représenté par un ensemble de « desks » ou sections spécialisés par produit financier et par type de sous-jacent où les vendeurs (sales) commercialisent les produits financiers. Les traders  gèrent ensuite les ordres en bourse. Pour financer ces opérations ou produits proposés, les traders font appel au Desk de trésorerie ou de financement de la banque pour laquelle ils interviennent. Un trésorier garantit le prêt d’argent dans le financement des opérations et l’emprunt de titres (gestion du repo ou prêt/emprunt).

Le P&L économique : outil de suivi de la position de trading

Le Front Office et plus précisément le trader gère un « book » (ou portefeuille de trading) ouvert dans un établissement financier qui comprend l’ensemble de ses positions. Ce book doit faire l’objet d’un calcul de résultat économique appelé « P&L ». Le trader analyse et explique les écarts quotidiens de son P&L. Il justifie les valorisations choisies/utilisées pour son calcul. Il s’agit donc d’évaluer la marge dégagée sur le book. Toutes les opérations réalisées par le trader sont comptabilisées en instantané, en « mark-to-market », cela signifie que tant que la position n’est pas échue, le P&L calculé reste potentiel.

Si sa position est dite « longue » ou « acheteuse », Le P&L représente l’écart par rapport au prix auquel il pourra vendre immédiatement.

Si sa position est dite « short » ou « vendeuse », le P&L représente l’écart par rapport au prix auquel il pourra acheter pour fermer sa position.

Pour calculer le P&L quotidien « mark-to-market », le trader va utiliser les données de marché ou «  market data » fournies par les marchés quotidiennement. Pour apprécier la valeur de son portefeuille le trader utilisera le P&L « Year-to-date » (YTD), il s’agit du calcul du résultat du portefeuille depuis le début de l’année comptable (01/01/N) jusqu’au jour J.

Méthode de calcul du P&L « Year-to-date » YTD

Le P&L Year-to-date (YTD) d’un portefeuille se décompose en 4 éléments :

  • La valorisation à J des positions en vie (non échues) contenues dans son portefeuille en « mark-to-market»  MTM.  Exemples :
  • Tous les flux monétaires survenus entre le début de l’année et J. Englobe :
  • L’ensemble des coûts/gains de financement sur les flux monétaires empruntés entre le début de l’année et le jour J
  • Diminué des frais de courtages liés aux passages d’ordres
  • BOND : s’il s’agit d’un BOND (ou obligation), la valorisation à J reviendra à actualiser la somme des Cash flows futurs sur la période restant à courir.
  • SWAP de taux : s’il s’agit d’un swap de taux, la valorisation à J est la différence entre la jambe fixe et la jambe variable du swap de taux ou IRS (interest rate swap)
  • Le rachat des positions contenues dans le portefeuille en MtM à la fin de l’année comptable N-1 (cette valeur est égale à la valeur du portefeuille en début d’année comptable N)
  • Tous les paiements et encaissements effectués depuis le début de l’année comptable (coupons, dividendes, intérêts…)

Le P&L Year-to-date (YTD) représente la somme de ces 4 composantes.

Complexité de valorisation selon les types de produits

La valorisation dépend du type de produits détenus en portefeuille. Certains produits appelés dits standardisés « vanilles » présentent des caractéristiques standards ce qui rend leur valorisation plus simple. D’autres produits dits non standardisés comme Les « produits complexes ou exotiques » présentent des technicités supérieures ce qui rend la détermination de leur valeur plus difficile.

Exemple : Dans le cas du « fixed income », les flux de revenus sont représentés par un « cash-flow » futur. Sa valorisation s’effectue en calculant la valeur actuelle (present value). Dans le cas des produits exotiques, le calcul peut faire intervenir des calculs stochastiques et des modèles de prévisions assez pointus ce qui rend compliqué la valorisation du produit.

Depuis la crise des subprimes, les actifs financiers ont fait l’objet de plusieurs réformes quant à leur valorisation, actuellement la détermination de leur valeur se fait à la valeur de marché c’est-à-dire en « Mark-to-market ». L’objectif est de limiter les risques de contreparties qui représentent un grand danger pour les opérations OTC « over-the-counter » ou de gré à gré.

Le contrôle des risques par le calcul du P&L « économique »

Le rôle du Middle Office dans le processus de calcul du « P&L économique »

Le Middle Office intervient:

  • en « post trade » (post marché) dans son rôle de contrôle et de vérification des transactions, de résolution des différences avant validation, de contrôle des limites,
  • en amont, en support direct des marchés ; il apporte de l’information au Front Office sur les risques, les limites et fournit aux responsables des desks de trading les « P&L » par périmètre, book.

Le Middle Office est donc en charge de suivre l’ensemble des positions du trader et de déterminer les gains/pertes par rapport aux expositions et limites de marchés imposées.

Qu’est-ce que le P&L « Month-to-Date » ?

A la fin de chaque journée, le Middle Office ou le service des résultats valide le  P&L économique quotidien dans le but de produire un P&L mensuel appelé le « Month-to-Date » MTD aux responsables de desk de trading. Celui-ci comprend la variation de la valeur MtM « Mark-to-Market » entre le début et la fin du mois en cours (appelé date d’arrêté mensuel) le résultat, le refinancement, les frais et des éventuelles corrections.

Le calcul du P&L « comptable » par la comptabilité centrale

Parallèlement, la comptabilité centrale de la banque est en charge de calculer un P&L dit « comptable » sur le même périmètre/desk que le trading. Il s’agit d’un P&L qui se base sur les positions comptables et les normes comptables appliquées à chaque desk. Ce P&L est celui que l’on retrouve dans la comptabilité de la banque.

Rapprochement entre le P&L « comptable » et le P&L « économique »

Le P&L économique doit être comparé/rapproché au P&L comptable tous les mois d’où le calcul du P&L MTD « Month-to-date » par le Middle Office. Chaque fin de mois le résultat de ce rapprochement est analysé et tous les écarts doivent faire l’objet de justifications précises et détaillées de la part du Middle Office ou du service de résultats qui sont en contact direct avec le trader. Des mesures doivent être prises afin d’éliminer ces écarts entre le P&L comptable et le P&L économique.

Le rapprochement du P&L se fait par desk puis par ligne de produits. Une fois le P&L économique rapproché du P&L comptable et les écarts justifiés, le Middle Office ou service des résultats peut procéder à la publication des résultats MTD au Front Office mais aussi au top management. Les résultats/positions sont suivies par périmètre de confidentialité ou Book et donc chaque intervenant reçoit le reporting de P&L de son périmètre.

Ce suivi de P&L permet de calculer le produit net bancaire qui lui permet de mettre en place le compte de résultat de la banque.