La finance islamique est l’ensemble des activités financières qui respectent les règles dictées par la religion musulmane.

Cette terminologie inclut toutes les transactions et les placements financiers à destination des entreprises et des particuliers respectant les principes formulés dans le Coran et les autres textes de la religion musulmane.

Quels sont les principes fondateurs de la finance islamique ?

Les principes fondateurs de la finance islamique

Si les principes de la finance islamique sont inspirés des principaux interdits en matière de transactions financières formulés par la loi religieuse de l’Islam, la finance islamique telle qu’exercée aujourd’hui a été développée principalement au cours de la deuxième partie du 20ème siècle, dans les pays musulmans de l’Asie du Sud-Est et notamment par des prédicateurs musulmans de Malaisie.

Les règles financière édictées par l’Islam reposent essentiellement sur deux principes : le partage des pertes et profits, et interdiction de pratiquer l’usure.

Plus précisément, les principes clefs de la finance islamique sont :

  • L’interdit du paiement et de l’encaissement d’intérêts préalablement déterminés : La création d’argent dans la conception islamique doit forcément être attachée à l’économie réelle et à des actifs tangibles. Dès lors, toute création d’argent qui ne respecte pas ce critère est prohibée puisque la monnaie constitue une mesure de la valeur et n’a aucunement de valeur intrinsèque.
  • L’interdit de la thésaurisation : L’épargne d’argent pour des buts autres que la subvention à des besoins urgents ou au remboursement de dettes n’est pas souhaitable.
  • L’interdit de la spéculation : sont formellement interdits les produits dont les actifs sous-jacents ont une évolution incertaine. Ainsi la plupart des produits dérivés comme les options sont exclus de la finance islamique. Les contrats d’assurance appliqués à la finance de marché sont aussi interdits puisqu’ils assurent des éventualités aléatoires.

Enfin, notez qu’il est interdit d’investir dans des activités considérés comme illicites par l’Islam comme l’alcool, le tabac, l’industrie porcine ou encore l’armement et les jeux de hasard.

La finance islamique dans le panorama financier mondial

La finance islamique est en constante évolution, elle englobe environ 1700 milliards d’euros d’encours en 2015, les projections en 2021 sont d’environ 2900 milliards d’euros d’actifs. Elle demeure nonobstant un produit de niche puisque son poids ne représente que 1% du marché financier mondial.

Géographiquement, elle se concentre principalement dans les pays musulmans d’Asie et dans les pays du moyen orient. Les principaux acteurs du secteur sont localisés en Arabie Saoudite (Al Rajhi et Al Jazeera Bank), au Koweït (avec Kuwait Finance House) et aux Émirats Arabes Unies avec (Dubai Islamic Bank et Abu Dhabi Islamic Bank), qui sont des pure players du secteur. Mais de nouveaux acteurs émergent également en Afrique du Nord et en Afrique sub-saharienne ainsi qu’en Europe.

En France, il existe quelques produits conformes à la finance islamique proposés par des institutions classiques françaises ou étrangères.

Types de financements islamiques principaux

Il existe différents types de produits financiers islamiques qui se basent sur le principe de partage des profits et des pertes. Contractuellement, ils se divisent en deux grands groupes :

  • La mourabaha : un contrat par lequel le financeur (généralement une banque) achète un produit réel et licite (au point de vue religieux) à un tiers, pour le revendre à un prix supérieur, convenu à l’avance et payé selon un échéancier. C’est une façon de faire crédit tout en respectant la charia. 
  • Al ijara : c’est un contrat de location par lequel l’institution financière achète un bien et en transfert l’usufruit pendant une période donnée au bénéficiaire, mais en garde la propriété.
  • L’istisna : qui s’apparente à une commande à façon par laquelle une entreprise s’engage à fabriquer un bien selon un cahier de charge fixé et à le livrer à l’acheteur selon des conditions (prix et échéancier) fixées au préalable.

Les produits basés sur le partenariat et l’association :

  • La moucharaka : contrat de participation par lequel des apporteurs de fonds financent un projet. Les pertes ou les profits sont ensuite partagés selon un prorata préalablement déterminé.   
  • La moudaraba : contrat par lequel la banque islamique apporte des fonds pour le financement d’un projet duquel seul l’entrepreneur s’occupera de la gestion. La rémunération est distribuée selon une clé de répartition déterminée au préalable. En cas de pertes, celles-ci sont supportés uniquement par la banque, en contrepartie l’investisseur consent à avoir une rémunération fixe.

La finance islamique dispose aussi d’un moyen de financement qui s’apparente aux obligations classiques. Nommés Al Sukuk, ils sont obligatoirement adossés à des actifs sous-jacents réels.  Ces produits sont issus par des banques islamiques, par des États (Bahreïn, Koweït, …) mais aussi par des entreprises. En Europe, la province allemande de Saxe-Anhalt a émis pour 100 millions d’euros de sukuk. En France, l’émission de sukuk est légale depuis 2009.

Faiblesses principales des produits financiers islamiques

Si les produits financiers islamiques évitent certains risques liés à la spéculation boursière (puisqu’elle l’interdit de facto); elle comporte des risques qui lui sont propres en plus des risques traditionnels :

  • Le risque de liquidité est accentué dans le cas des banques islamiques puisqu’elles n’ont pas accès au marché conventionnel des capitaux.
  • Risques liés aux taux de référence : les rémunérations des produits financiers islamiques sont calculées en ajustant par une prime de risque les taux d’intérêt des marchés classiques et sont ensuite fixés. Ainsi, la variation des taux d’intérêts de référence conduit à des risques liés à la non-possibilité d’ajustement des taux de rémunération des produits des banques islamiques.
  • Risque de concentration : l’obligation d’actifs sous-jacents réels ainsi que la restriction des investissements à des produits religieusement licites conduit à un manque de diversification des portefeuilles. On remarque que la finance islamique à pour domaine de prédilection l’immobilier par exemple.
  • Le risque de non-conformité religieuse : la différence des interprétations des textes religieux entre différents mouvements peut conduire à limiter l’offre possible de ces banques.
  • Le risque d’investissement : le principe de partage des profits et des pertes concentre le risque des institutions islamiques sur le choix des projets à financer. Les produits sous-jacents de ces investissements comportent donc un risque majoré par rapport aux produits classiques.

Investir dans le respect de la finance islamique

Depuis l’ouverture du marché français à la finance islamique, il existe de plus en plus de tentatives d’introduction de produits financiers islamiques sur le marché, mais l’offre reste restreinte.

Le crédit agricole avait créé une SICAV de droit luxembourgeois spécialisé en finance islamique en 2009. Cette dernière avait été reprise par Amundi avant d’être absorbée puis dissoute en 2020.

SwissLife propose aussi une assurance vie conforme aux lois de la finance islamique sous le nom de « Swiss Life Salam Épargne et Placement ». Si les placements en assurance vie vous intéresse, consultez notre guide comparatif des meilleures assurance vie.

En tant que particulier, vous pouvez aussi faire du trading de devises et de matières premières via la plateforme en ligne etoro qui propose un compte d’investissement Islamique qui évite l’encaissement ou le paiement d’intérêts lors de toutes les étapes de votre investissement.

Pour en savoir plus sur la finance islamique et le trading de commodities, je vous invite à consulter mon article dédié : finance islamique et matières premières