Définition

Pour qu’une transaction se réalise lorsqu’un acteur décide d’acheter ou de vendre un instrument financier, une contrepartie est nécessaire pour vendre ou acheter au même prix. Le problème est que pour certains instruments financiers, particulièrement pour certains produits dérivés, il est difficile de trouver une contrepartie et ce, même à la bourse. On dit de ces produits qu’ils sont illiquides. Par exemple, il peut être difficile pour un individu souhaitant vendre 100 options particulièrement marginales de trouver une personne prête à acheter ces 100 options exactement au même moment. C’est là que le « market maker » entre en jeu.

Un « market maker » est un acteur des marchés financiers, habituellement un broker/dealer dont le rôle principal est d’assurer la liquidité des titres (capacité du titre à être acheté ou vendu rapidement ou dans des conditions optimales) en proposant de façon régulière et continue des prix à l’achat et à la vente. Le market maker offre une contrepartie à tout acheteur ou vendeur sur certains titres souvent illiquides et participe ainsi à l’efficience des marchés. Cette efficience est réalisée lorsqu’on a pour un même instrument au moins une dizaine de market makers différents.

L’avantage est qu’un client trouvera toujours une contrepartie pour acheter ou vendre ces titres via le market maker. Le market maker fait donc le marché (équivalent français de market maker). Une fois la transaction effectuée, le « market maker » vend immédiatement à partir de son propre inventaire, ou effectue un ordre de compensation afin de maintenir son risque nul vis-à-vis de l’instrument traité. Ce processus a lieu en quelques secondes.

Le « market maker » est la plupart du temps rémunéré par les bourses qui souhaitent offrir un service de qualité aux investisseurs, via la possibilité de vendre ou d’acheter des titres à tout moment.

Risques

De par cet engagement à vendre et à acheter quelles que soient les conditions, le market maker détient des positions non choisies et pourrait s’exposer à des risques. Par exemple, il se pourrait que le prix des options CALL sur IBM qu’il vient d’acheter commence à chuter avant qu’il ne puisse retrouver une contrepartie. Le market maker doit donc toujours couvrir ses positions pour limiter ces risques tout en essayant de réaliser un profit. Mais le market maker n’est pas censé spéculer et doit respecter des limites de positions strictes comme dans tous les métiers de la banque d’ailleurs.

Les spreads

Pour réaliser un profit, le market maker maintient une marge sur chaque valeur qu’il couvre, le spread. La différence entre le prix auquel un market maker est prêt à acheter un instrument (bid) et le prix auquel il est disposé à vendre (ask) est une source de bénéfices, puisque le teneur de marché va généralement acheter et vendre l’instrument simultanément. Habituellement, le bid-ask spread ou fourchette de prix doit couvrir le coût de traitement des ordres (order processing cost), le coût de détention d’un portefeuille (inventory holding cost) qui correspond aux titres détenus mais non désirés par le teneur de marché et le coût de sélection adverse (adverse information cost). Par exemple, le market maker peut acheter l’option YZ pour 100 $ et ensuite les vendre à un acheteur à $ 100.05. La différence entre la demande et l’offre de prix est seulement $ 0,05, mais par la négociation de millions d’actions par jour, il réussit à gagner un montant significatif pour compenser ce risque.

Les prix

Selon les marchés, celui-ci peut être dirigé par les ordres (marché courant) ou par les prix.

Dans un marché dirigé par les prix, comme pour le marché des changes, les ordres d’achat et de vente ne sont pas transmis immédiatement. Auparavant, l’information sur le niveau de prix est requise.

Les market makers ont en effet pour obligation d’informer les autres participants sur le niveau des prix qu’ils pratiquent et d’accepter toutes transactions à ces niveaux de prix, pour des quantités qui doivent toutefois se situer dans un ordre de grandeur standard (par exemple de 1 à 10 millions de dollars sur le marché des changes).

Cette information sur les prix peut être transmise soit de manière orale à la demande d’une éventuelle contrepartie (souvent par téléphone), soit de manière électronique pour alimenter un écran de cotation.

Les market makers, à la fois acheteurs et vendeurs potentiels, ne peuvent pratiquer le même prix dans les deux sens. Ils affichent en réalité, pour chaque demande, 2 prix, en fourchette :

  • le prix auquel ils sont prêts à acheter, le plus faible (bid) ;
  • le prix auquel ils sont prêts à vendre, le plus élevé (ask).

Pour le marché des changes, la cotation en fourchette se communique de la manière suivante :
EUR/USD : 0.9110 / 30
Cet affichage signifie que le market maker propose :

  • d’acheter des euros contre dollar à 0.9110 ;
  • de vendre des euros contre dollar à 0.9130.

Conclusion

Le market maker a toujours existé et est un acteur indispensable dans le fonctionnement des bourses. Aujourd’hui, les outils utilisés par ces derniers sont devenus relativement complexes et évolués afin de gérer un maximum d’opérations automatiquement dans des volumes conséquents.