Définition : qu’est-ce qu’une obligation ?

Une obligation est un titre de créance. Autrement dit, c’est une dette, contractée par un État, un organisme public, ou une entreprise. Mais c’est aussi un titre financier qui, contrairement à un crédit bancaire, peut être échangé sur un marché financier.

Lorsque vous souscrivez à une obligation, vous prêtez de l’argent à un État ou à une entreprise qui s’engage, en retour, à vous rembourser à une date convenue à l’avance, ainsi qu’à vous payer des intérêts réguliers.

Les obligations permettent aux institutions publiques ou privées de financer leur développement sur le moyen et long terme. C’est un des modes de financement les plus rependus : le marché obligataire est évalué à 130 000 milliards de dollars !

Au même titre qu’une action, une obligation peut être vue comme un placement financier. C’est d’ailleurs un placement moins risqué que les actions.

Les obligations sont un des éléments d’un portefeuille boursier réussi, mais ce n’est pas le seul. On vous en dit plus dans notre guide pour investir en bourse.

Le fonctionnement des obligations

Une obligation est un titre financier qui a les quatre grandes caractéristiques suivantes :

  • Le nominal : c’est le montant emprunté par titre. Si une émission obligataire d’un million d’euros est répartie en 100 titres, alors le nominal de chaque obligation sera de 10 000 €.
  • Le coupon : il s’agit du montant versé par l’émetteur de l’obligation à son propriétaire. Si vous achetez une obligation d’un nominal de 10 000 € avec un taux d’intérêt de 5%, alors vous recevrez un coupon annuel de 500 €. Le terme de « coupon » remonte à une époque où il fallait découper un coupon en papier de l’obligation en échange du paiement.
  • La date d’échéance : c’est la date à laquelle le nominal doit être remboursé par l’émetteur de l’obligation.
  • L’émetteur : l’émetteur est celui qui reçoit le nominal au moment où l’obligation est émise et c’est aussi lui qui doit verser les coupons et rembourser le capital.

Notez que certaines obligations capitalisent les coupons. Dans ce cas, la totalité des intérêts et le nominal sont remboursés à échéance.

Généralement, l’échéance d’une obligation est de quelques années. Elle peut parfois dépasser 20 ou 30 ans, notamment pour les États. Pour un financement sur une durée inférieure à un an on parlera plutôt de TCN (Titres de Créances Négociables), lesquelles sont échangées sur le marché monétaire.

Marché primaire et marché secondaire

Lorsqu’une entreprise ou un organisme public réunit des investisseurs pour financer une émission obligataire, on parle de marché primaire. Le marché primaire est trusté par les investisseurs institutionnels. Parmi eux, les banques, certains fonds de pension ou encore des sociétés d’assurance.

Cependant, il n’est pas obligatoire de conserver une obligation jusqu’à son terme. Celle-ci peut être revendue à un autre investisseur : c’est le marché secondaire. La plupart des obligations s’échangent de gré à gré (over the counter), entre investisseurs. Mais certaines sont aussi cotées en bourse, de sorte qu’elles s’échangent en continu, comme des actions.

Notez également que certaines obligations peuvent être regroupées et « repackagées » au sein d’un produit dérivé de crédit appelé CDO ; une sorte de panier garni de créances financières, plus facile à vendre sur les marchés financiers.

Le prix des obligations

Lorsqu’une obligation est négociée sur le marché secondaire, elle s’échange à un prix qui peut être très éloigné de son nominal. Nous discutons des facteurs qui influencent le prix des obligations un peu plus loin.

À ce stade, notez que le prix d’une obligation a un impact immédiat sur son rendement. Une obligation de 10 000 € de nominal, avec un taux d’intérêt de 5%, a un rendement initial de 5%. Mais, si elle s’apprécie, et que vous l’achetez à 11 000 € sur le marché secondaire, son rendement et sa rentabilité baissent.

Comment investir dans des obligations ?

Il existe plusieurs moyens d’investir dans des obligations :

  • via un fonds d’investissement ou un ETF : un fonds d’investissement est un panier de titres financiers gérés par des professionnels. Il en existe un grand nombre dont beaucoup n’investissent que dans des obligations. Les frais de gestion de ces fonds obligataires peuvent toutefois être importants (entre 1% et 1,5% par an). Pour limiter les frais nous vous recommandons plutôt d’utiliser des ETF. Ce sont des fonds cotés en Bourse qui répliquent un indice boursier et dont les frais seront généralement inférieurs à 0,3% par an. On vous donne notre selection d’ETF obligataires ici.
  • en direct : il est aussi possible d’acheter des obligations en direct (on parle de titre vif). L’avantage d’avoir une obligation en direct est de pouvoir la conserver jusqu’à échéance. De cette manière vous êtes sûr de ne pas faire de moins-value (à condition que l’émetteur de fasse pas faillite). Pour un investisseur particulier, c’est toutefois plus contraignant car les tickets d’entrée sont relativement élevés (souvent supérieurs à 1 000 €). Vous pouvez notamment acheter des obligations chez un courtier en bourse comme Saxo Banque. Trade Republic permet aussi d’investir dans 500 obligations, avec l’avantage de pouvoir y investir dès un euros (grâce à des obligations fragmentées).
  • via un fonds daté : les fonds datés sont des fonds d’investissement qui conservent leurs obligations jusqu’à une échéance donnée. Cela permet de limiter les risques de moins-value tout en diversifiant son portefeuille.

➡️ Vous pouvez acheter des ETF obligataires ou des fonds datés dans les bonnes assurances-vie. On vous en dit plus dans notre article dédié : Comment investir dans des obligations ?

Avantages et inconvénients des obligations

Selon nous, il y a plusieurs avantages à inclure des obligations dans un portefeuille boursier.

Le premier (et le plus important) est la réduction de la volatilité de votre portefeuille. Les obligations sont, en effet, beaucoup moins volatiles que les actions. Cela se comprend bien dans le sens où le revenu d’une obligation (le coupon) est connu à l’avance, alors que le revenu d’une action (le dividende) est incertain.

Le second avantage des obligations est la diversification. Il arrive assez souvent que lorsque le prix des actions baisse, les obligations s’apprécient. De sorte que, dans son ensemble, votre portefeuille traversera mieux les krachs boursiers.

Les obligations ne viennent malheureusement pas sans inconvénients. Le principal est à chercher du côté de la performance. Elle est plus faible que celle des actions. Le tableau ci-dessous vous donne une vue synthèse du pour et du contre.

Avantages
  • Faible volatilité
  • Rendement connu à l’avance et performance prévisible
  • Décorrélation et diversification
  • Valeur refuge (pour les obligations les mieux notées)
Inconvénients
  • Performance faible pour les obligations d’États
  • Performance modérée pour les obligations d’entreprises et celles des états émergents
  • Risque de taux : le prix baisse en cas de hausse des taux

Pourquoi ? Les obligations d’État sont utiles pour sécuriser et diversifier votre portefeuille, on vous les recommande surtout si vous avez un horizon à court moyen terme.

Comment ? Via des ETF obligataires, dans un compte-titres (comparatif) ou une assurance-vie (comparatif).

Les différents types d’obligations

On distingue généralement deux catégories d’obligations :

  • Les obligations d’États : bons du trésor (obligations à court terme) et OAT (obligation à long terme).
  • Les obligations d’entreprises (corporate bonds), qu’on peut classer en deux sous-groupes, selon la solidité des entreprises : les obligations Investment grade sont les plus sûres ; tandis que les obligations High Yield sont les plus volatiles et les plus rentables. Dans un ETF, leur taux de défaut reste néanmoins très faible.

Les obligations d’États des pays occidentaux sont réputées sans risque. En conséquence, leur rendement est très faible, voire négatif. Dans l’environnement de taux bas qu’on connaît actuellement, il sera plus intéressant de vous orienter vers les obligations des états émergents et celles des entreprises.

Il existe également différentes sous-catégories, en fonction des caractéristiques associés aux obligations :

  • les obligations indexées sur l’inflation : utilisées par certains États, les obligations indexées sur l’inflation voient leur coupon dépendre du niveau de l’inflation. En France, on parle d’OATi et aux États-Unis on parle de TIPS (Treasury Inflation-Protected Securities).
  • les obligations à taux révisable : l’inflation n’est pas le seul paramètre qui puisse faire varier les taux. Les obligations dont le coupon dépend d’un taux de référence (libor, euribor, etc.) existent également.
  • les obligations convertibles : elles sont émises par les entreprises et permettent sous certaines conditions à leur détenteur les convertir en actions. Les obligations convertibles permettent aux entreprises qui les utilisent de se financer plus facilement ou à de meilleures conditions.

Bien que les obligations cotées en Bourse soient normalisées, les obligations privées peuvent intégrer des mécanismes plus ou moins complexes et combiner plusieurs des caractéristiques précitées.

Historique des taux obligataires

Le niveau des taux obligataires est d’une importance cruciale pour l’ensemble de l’économie. C’est, en effet, un bon indicateur du coût du financement des entreprises et des États.

Le graphique ci-dessous donne l’historique des taux d’intérêt des obligations françaises et américaines d’une maturité de 10 ans.

Historique des taux obligataires français et américains pour des obligations de maturité 10 ans.
Historique des taux obligataires français et américains pour des obligations de maturité 10 ans.

Les taux obligataires sont intimement liés aux taux directeurs des banques centrales. Dans les années 70 et 80, la priorité était donnée à la lutte contre l’inflation et les régulateurs centraux menaient une politique de taux élevée. Depuis les années 2000 et plus encore après la crise de 2008, la priorité a été celle de la relance économique avec des taux constamment en baisse et des politiques monétaires expansionnistes, voire laxistes. 2022 Marque un tournant avec le retour de l’inflation et une hausse des taux prononcée. Comme on le verra par la suite, cela a eu des conséquences importantes sur le prix des obligations.

Comment le prix d’une obligation bouge-t-il ?

Plusieurs facteurs peuvent influencer le cours des actifs obligataires.

Les taux d’intérêt et la politique monétaire

Plus le taux d’intérêt d’une obligation est élevé, plus elle a de la valeur (toutes choses égales par ailleurs). Par conséquent, si le taux d’intérêt des nouvelles obligations est en hausse, le prix des anciennes va baisser. Les investisseurs vont préférer acheter des obligations avec un taux élevé et délaisser les autres.

La politique monétaire des banques centrales a donc une influence prépondérante sur la performance des actifs obligataires car leur taux d’intérêt sert de référence à l’ensemble du marché.

Ainsi, en 2022, le marché obligataire a connu une de ses pires années pour deux raisons :

  • d’abord, les taux directeurs des banques centrales avaient été nuls les années précédentes ;
  • mais l’inflation grandissante de 2022 a forcé la Fed et la BCE à régir en remontant leur taux brutalement ;
  • en conséquence, les prix de toutes les obligations déjà présentent sur le marché se sont effondrés.

Voici à titre d’exemple l’évolution de l’indice Bloomberg Barclays Euro Treasury 7-10 Year Bond Index, indice des prix des principales obligations d’État Européens :

LE krach obligataire de 2022
Le krach obligataire de 2022.
L’axe de gauche donne l’indice des prix des obligations. L’axe de droit donne le taux de rendement des obligations à 10 ans.

Désormais, le niveau des taux rend de nouveau attractif cette classe d’actifs.

Le risque de crédit (ou risque de défaut)

Lorsque la solidité financière d’une entreprise se dégrade, il en va de même pour le prix des obligations qu’elle a émises. En effet, la santé de l’entreprise permet d’estimer la probabilité qu’elle fasse défaut. C’est aussi valable pour les États.

Pour éviter des pertes qui deviendraient trop importantes en cas de faillite, les gérants d’actifs peuvent d’ailleurs protéger leur portefeuille avec des CDS (Crédit Default Swap), qui agissent comme une assurance et permettent de couvrir ce risque.

La date d’échéance

Toutes choses égales par ailleurs, plus l’échéance d’une obligation se rapproche et plus elle prend de la valeur. C’est normal puisque le risque de crédit s’estompe petit à petit : il est peu probable qu’une entreprise en bonne santé rencontre des difficultés à court terme, mais dans 5 ou 10 ans, c’est plus incertain.

Le rôle des agences de notation

On l’a vu, le risque de défaut est intrinsèque aux obligations. Or, il est très chronophage d’analyser les bilans comptables de chaque entreprise afin d’en évaluer la probabilité de défaut. C’est tout l’intérêt des agences de notation.

Les agences de notation financière publient pour la plupart des grandes entreprises et des pays des notes censées refléter leur risque de défaut : AAA, AA+, AA, AA-, etc. Ces notes sont scrutées par les investisseurs et les émetteurs d’obligations car elles déterminent en grande partie le taux d’intérêt et, plus particulièrement, leur prime de risque.

L’écart entre le taux actuariel de deux États ou de deux entreprises est appelé spread de crédit (ou écart de crédit en bon français). Plus la notation de deux entités sera différente et plus le spread de crédit sera élevé !

Notez que ce sont les entreprises qui mandatent et rémunèrent les agences de notation. Cette relation contre-intuitive a été dénoncée à la suite de la crise des subprimes car les agences de notations ont mal évalué le risque de défaut des CDO.

Calculer le rendement d’une obligation

On confond parfois le taux attaché à l’obligation et son rendement (c’est-à-dire sa rentabilité effective). Bien que tous deux soient exprimés en pourcentage ils peuvent être très différents. La variable d’ajustement est bien sûr le prix de l’obligation : plus le prix sera faible et plus le rendement sera élevé, toute chose égale par ailleurs.

Calcul du rendement courant

On peut rendre compte de l’effet du prix de l’obligation sur son rendement en rapportant la valeur du coupon au prix de l’obligation.

Prenons un exemple : une obligation de nominal 100 € associée à un taux de 5% verse un coupon annuel de 5 € par an. Au départ elle est émise à un prix de 100 € et donc son rendement égalise son taux. Dans les deux cas il s’agit de 5%.

Quelques jours plus tard, supposons que la société émettrice voit sa note dégradée par l’agence de notation Moody’s : son prix passe de 100 € à 96 €. Cette obligation verse toujours 5 € par an.

Le rendement courant est alors obtenu par :

R_c = \frac{c}{P} = \frac{5}{96} = 5,2\%

Ou c est le coupon et P le prix de l’obligation.

Cependant, ce rendement ne tient pas compte des 4 euros de gains qui seront réalisés lors du remboursement du nominal, à l’échéance de l’obligation. Ce calcul est donc imparfait.

Calcul du rendement actuariel

Le rendement actuariel (ou rendement à échéance) est le rendement effectif du porteur de l’obligation si ce dernier conserve l’obligation jusqu’à échéance. En plus du prix et du coupon, ce rendement tient également compte de la maturité de l’obligation. En effet, si on revient sur l’exemple précédent et les 4 € de gain dont nous n’avons pas tenu compte, on se rend compte que le rendement ne sera pas le même selon qu’on les touche dans 2 ans ou dans 20 ans.

Une façon d’approximer le taux actuariel est de répartir le gain de remboursement sur la durée de l’investissement T qu’on supposera égale à 10 ans pour l’exemple.

Avec un nominal N, on a donc :

R_a \approx R_c + \frac{N-P}{P\times T} = 5,2\% + \frac{4}{96\times10} = 5,62\%

En théorie (et pour être tout à fait exact), le taux de rendement actuariel est défini comme le taux qui égalise la « valeur actualisée » de l’obligation à son prix.

Soit l’équation suivante :

P = V_a = \frac{c}{1+R_a} +\frac{c}{(1+R_a)^2} + ... +\frac{c + N}{(1+R_a)^T}

Il ne reste plus qu’à résoudre l’équation. Avec les paramètres de l’exemple précédent, on obtient un taux actuariel égal à 5,53%.

Questions fréquentes

Qu’est-ce que la maturité d’une obligation ?

La maturité d’une obligation correspond à sa durée. Généralement, plus une obligation est de courte maturité et moins elle est risquée, toute chose égale par ailleurs.

Comment acheter des obligations ?

Vous pouvez acheter une obligation depuis un compte-titres ou par l’intermédiaire d’un fonds d’investissement ou d’un ETF. Dans ce cas, vous pourrez aussi en acheter depuis une assurance vie ou un PER. On vous en dit plus dans notre article : Comment acheter des obligations ?

Comment varie le cours d’une obligation ?

Le cours d’une obligation varie en fonction du temps, des taux d’intérêt et du risque de crédit perçu par les investisseurs.

Quels sont les risques d’une obligation ?

Une obligation fait porter plusieurs risques sur son détenteur :
– le risque de crédit (ou risque de défaut) : qui correspond au risque que l’émetteur ne puisse pas rembourser tout ou partie de sa dette ;
– le risque de taux : en cas de hausse générale des taux, le prix d’une obligation baisse ;
– le risque de change : si jamais l’obligation est libellée dans une devise étrangère alors son prix et sa rémunération fluctuent avec le taux de change.